Editorial - Mai 2014 - n° 168
Avant-propos
Dr Jacques Halimi
Rhumatologue, Paris
Directeur de la Publication Réflexions
Rhumatologiques toujours dans le trio de tête des revues Merci !
Dans cette période économique devenue particulièrement difficile pour la presse médicale, il est bien agréable de constater que vous, nos lecteurs réguliers depuis désormais 17 ans, continuez à nous lire chaque mois et à nous choisir comme une des revues de référence pour notre nécessaire Formation Médicale Continue.
Pour le juger, chaque année, des études d’audience sont effectuées selon les standards de qualité du CESP, le Centre d’Etude des Supports de Publicité, et contrôlées par le CESSIM, dont les adhérents sont répartis en un Collège Annonceurs, un Collège Média, et un Collège Agences. Ces études interrogent régulièrement des collègues rhumatologues sur leurs pratiques de lecture.
Votre revue, Réflexions Rhumatologiques, conforte ses résultats d’une enquête à l’autre, et d’une année sur l’autre !
De fait, votre publication s’est retrouvée, cette année encore, lors de l’enquête CESSIM 2014, 3ème ou 2ème, tant en matière d’audience, de durée de lecture, du nombre de reprises en main ou d’attachement à la revue, sur l’ensemble des titres analysés.
C’est au demeurant la seule revue à avoir toujours conservé le trio de tête lors de chacune des questions posées aux rhumatologues interrogés.
Ces résultats sont le fruit de la constance de notre bouillonnant Comité de Rédaction, et piloté par nos 2 Rédacteurs en Chef, le Pr Bernard Cortet et le Dr Pascal Hilliquin, que je tiens spécialement à remercier ici, et qui ont su garder le dynamisme au fil des années, en nous proposant, à chaque édition, un Dossier complet mono-thématique toujours dense et référencé, et des rubriques éclectiques qui couvrent tous les champs de l’appareil locomoteur, de l’inflammatoire au mécanique.
Merci à chacun d’entre vous pour votre fidélité, gage indispensable pour obtenir et conserver la confiance de nos annonceurs industriels que nous remercions également sincèrement pour leur soutien. Par votre nécessaire abonnement à la revue, par la présence d’annonces publicitaires, Réflexions Rhumatologiques continuera à vous proposer ce qui était déjà, dès le n°1 en juin 1997, une revue toujours tournée sur l’information et la formation de notre si belle spécialité, et continuera à être diffusée à nos lecteurs, la totalité des rhumatologues hospitaliers et libéraux français, mais aussi certains internistes, traumatologistes du sport ou imageurs spécialisés.
Dossier n°1 : OSTÉOPOROSE CORTISONIQUE : LE POINT EN 2014
Editorial
Bernard Cortet
Département Universitaire de Rhumatologie et EA 4449,
Université de Lille 2
L’ostéoporose cortisonique constitue un enjeu important de par sa fréquence, sa gravité et sa prise en charge qui est largement perfectible.
Au-delà de ces différents aspects, la physiopathologie de l’ostéoporose cortico-induite est de mieux en mieux connue. L’élément principal est l’existence d’une toxicité directe des corticoïdes sur les ostéoblastes et les ostéocytes qui engendre des phénomènes d’apoptose sur ces deux cellules. Des données récentes suggèrent également de manière logique la participation de la voie Wnt comme vecteur susceptible d’expliquer cette toxicité. D’autres éléments sont à prendre en considération et sont inhérents à l’effet des corticoïdes sur le métabolisme phosphocalcique. Enfin, il ne faut pas bien évidemment négliger la part de la myopathie cortisonique dans l’augmentation conséquente du risque fracturaire.
Les données épidémiologiques les plus récentes font état d’une importante prévalence de l’ostéoporose cor tico-induite (4,6% chez les femmes ménopausées). Par ailleurs, au fil du temps, les affections qui amènent à la prescription d’un traitement par corticoïdes ont évolué. A l’heure actuelle, outre les affections rhumatologiques, les pathologies respiratoires chroniques occupent une place importante. Il faut également mentionner que l’effet délétère de la corticothérapie s’ajoute à celui de la pathologie sous-jacente. Ceci a particulièrement été bien démontré pour les deux pathologies citées. Pour autant, les études réalisées dans ce domaine ont bien montré que l’ostéoporose cortico-induite n’était pas bien prise en charge, alors que nous disposons de traitements efficaces. Cer taines données suggèrent une amélioration de la prise en charge, mais les données françaises à ce sujet sont au contraire particulièrement alarmistes.
C’est donc dans ce contexte que sous l’égide d’un certain nombre de sociétés savantes dont le Groupe de Recherche et d’Information sur les Ostéoporoses (GRIO) et la Société Française de Rhumatologie (SFR), des recommandations ont été récemment proposées qui permettent à travers un algorithme simple de préciser les patientes qui doivent bénéficier de la mise en oeuvre d’un traitement spécifique à visée osseuse. Il est également fait état dans cette 3ème partie des molécules à notre disposition dans ces conditions.
Je souhaiterais également remercier les deux autres co-rédactrices de ce dossier éminemment d’actualité, à savoir le Dr LEGROUX ainsi que le Dr BRIOT.
Très bonne lecture.
Dossier n°2 : ARTHROSE DIGITALE
Editorial
Jérémie Sellam
Service de rhumatologie, hôpital Saint-Antoine, AP-HP,
Département Hospitalo-universitaire «Inflammation – immunopathologie – biothérapie»,
Université Paris 06 Pierre et Marie Curie, Paris
L’arthrose digitale : la prochaine maladie «vedette» de la rhumatologie ?
Nous avons pour habitude de donner la vedette (1) aux maladies auto-immunes ou inflammatoires telles que la polyarthrite rhumatoïde ou les spondyloarthrites, du fait de leur présentation clinique polymorphe et de leur physiopathologie complexe encore intrigante pour les cliniciens.
Cela étant, les progrès ont été si importants ces deux dernières décennies tant en recherche fondamentale que clinique que nous disposons d’un vaste arsenal thérapeutique dont les modalités d’utilisation ont été optimisées.
A l’inverse, l’arthrose est souvent considérée par les cliniciens comme une maladie irrémédiable, banale voire ennuyeuse.
Ce dossier, dédié à l’arthrose digitale, vous démontrera qu’il n’en est rien. Au-delà des nombreuses avancées physiopathologiques menées ces dernières années dans l’arthrose en général sur l’inflammation de bas grade, sur l’atteinte précoce de tous les tissus de l’articulation, et sur les interactions entre ces tissus, les connaissances épidémiologiques ont grandement progressé et les liens avec les pathologies métaboliques et cardiovasculaires confirmés. L’imagerie de l’arthrose digitale a également bénéficié de grandes avancées grâce à d’importants travaux sur l’échographie et l’IRM permettant de mieux préciser les atteintes structurales et de mieux comprendre la composante systémique et diffuse de l’arthrose érosive. Sans l’IRM, qui aurait pu imaginer que tout débute par des lésions ligamentaires au niveau des inter-phalangiennes ?
Si la thérapeutique peut décevoir, probablement car nous avons besoin de mieux phénotyper nos patients et de trouver de nouvelles cibles, elle se révèle tout autrement lorsqu’elle est présentée par un expert du domaine. Son analyse permet de mettre en lumière, qu’en dépit de résultats souvent négatifs, nous disposons d’essais thérapeutiques bien conduits d’un point de vue méthodologique.
Cet article mettra aussi en avant la nécessité d’une prise en charge devant combiner divers moyens médicamenteux et non médicamenteux essayant de répondre aux attentes des patients. Il est vrai que des progrès restent encore à faire et nous attendons la biothérapie de l’arthrose.
En somme, mieux connaître et mieux traiter l’arthrose digitale représente un véritable défi pour les rhumatologues durant ces prochaines années. Ainsi gageons que nous verrons un jour cette affection s’inscrire au sein des « maladies vedettes » de la rhumatologie.
(1) : référence à l’ouvrage du Professeur Fred Siguier, « Maladies-vedettes », Masson 1957.