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RéfleXions Ophtalmologiques la revue

Editorial - Septembre 2020 - n° 237

Catherine Vignal-Clermont

IMAGERIE DU NERF OPTIQUE : QUELLE TECHNIQUE, ET POUR QUOI FAIRE ?

En ce xxie siècle, nous vivons définitivement dans ce que nous pouvons appeler une « civilisation de l’image ». Les images sont en effet autour de nous, de plus en plus nombreuses et de plus en plus sophistiquées. Dans notre vie personnelle comme professionnelle, nous les utilisons pour garder une trace d’un moment, voire constituer un matériel d’études. La neuro-ophtalmologie ne fait pas exception à cette soif d’images et nous avons développé de nombreux appareils et des techniques toujours plus précises pour imager le nerf optique afin de diagnostiquer, de suivre et aussi de comprendre les maladies qui le touchent. Nous présentons dans ce dossier les principales méthodes d’imagerie du nerf optique et leurs indications.

L’imagerie initialement dédiée à l’exploration de la rétine peut être centrée sur le nerf optique et le Dr Sophie Bonnin présente ici, à travers des exemples richement illustrés, l’intérêt de techniques simples comme les rétinophotographies dans le diagnostic et, surtout, le suivi des oedèmes papillaires de stase, ainsi que de l’autofluorescence mettant en évidence des drusen calcifiées. Ces rétinophotographies permettent de communiquer avec les neurologues et les autres spécialistes impliqués dans la prise en charge des patients ; par ailleurs, l’angiographie à la fluorescéine reste un outil de choix pour apprécier la perfusion choroïdienne et rétinienne en cas de suspicion d’artérite à cellules géantes et/ou de trouble visuel transitoire.

Plus récemment, l’OCT a élargi ses indications en neuro-ophtalmologie, avec l’exploration de la couche ou du complexe ganglionnaire maculaire ; le Dr Melissa Santorini, de l’équipe du Pr Carl Arndt de Reims, détaille ici l’apport de l’étude de la pRNFL et du GCC dans le diagnostic et le suivi des neuropathies optiques, quel que soit leur mécanisme. Ainsi, l’amincissement du secteur temporal de la pRNFL associé à une baisse de l’acuité visuelle est un argument en faveur d’une atteinte non glaucomateuse. En cas de compression du nerf optique ou du chiasma, l’OCT préopératoire a une valeur pronostique et la conservation d’un nombre important de cellules ganglionnaires permet d’espérer une bonne récupération visuelle en cas de traitement chirurgical.

L’exploration de la portion rétrobulbaire du nerf optique est le domaine de l’imagerie par résonance magnétique (IRM). L’IRM cérébrale et orbitaire permet en effet de confirmer une suspicion clinique en montrant l’atteinte du nerf optique, en particulier rétrobulbaire, ainsi que de préciser son mécanisme et suspecter, voire affirmer son origine. Le Dr Augustin Lecler évoque également l’intérêt de la technique récente d’imagerie de paroi dans les neuropathies optiques ischémiques, qui permet de faire le diagnostic d’artérite à cellules géantes en montrant l’épaississement et la prise de contraste des artères temporales superficielles et/ou ophtalmiques.

Enfin, en cas de difficultés diagnostiques, l’échographie de la papille couplée au Doppler orbitaire, présentée ici par le Dr Patricia Koskas, permet d’avancer dans le diagnostic de masses papillaires et juxta-papillaires et peut s’avérer particulièrement utile chez l’enfant comme chez l’adulte.

Mais toutes ces images ne doivent pas faire oublier au clinicien que, en neuro-ophtalmologie comme dans beaucoup d’autres pans de l’ophtalmologie, la clinique reste reine et que l’exploration de la structure du nerf optique ne peut être dissociée de celle de la fonction visuelle par la mesure de l’acuité, du champ visuel et de la vision colorée.

J’espère que les images présentées dans ces chapitres sauront vous plaire, et vous souhaite une bonne lecture !