En poursuivant votre navigation, vous acceptez l'utilisation de cookies pour réaliser des statistiques de visites ou vous proposer des contenus en rapport avec vos centres d’intérêts. OK

RéfleXions Ophtalmologiques la revue

Editorial - Mai 2021 - n° 245

Antoine Rousseau

Antoine Rousseau
Service d’ophtalmologie, CHU Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre

Surface oculaire et environnement


Entre autres fonctions, la surface oculaire joue un rôle de barrière avec l’extérieur. Une barrière qui a la particularité d’être très sensible : l’innervation cornéenne, la plus dense de l’organisme, est caractérisée par des nocicepteurs qui nous renseignent en permanence sur l’environnement (vent, température, toxiques) dans lequel nous évoluons.
Mais la surface oculaire, qui est constamment exposée aux agressions de l’environnement, est aussi très fragile : son équilibre, qui repose sur les interactions complexes entre ses multiples composants, est facilement rompu.
Si les conséquences sur la santé des changements environnementaux et climatiques sont bien caractérisées dans de nombreux domaines, elles commencent seulement à l’être en ophtalmologie.
On sait que la pollution atmosphérique en milieu urbain, objectivée par des organisations comme Airparif, est responsable d’une augmentation de la prévalence de certaines maladies respiratoires (bronchite, asthme) ou cardiovasculaires, et aussi de certains cancers. Elle semble également impliquée dans le développement de pathologies de la surface oculaire.
En outre, la combinaison des modifications climatiques — qui influencent la répartition des allergènes — avec les polluants — qui irritent les muqueuses et modifient la nature chimique de certains allergènes — est en partie responsable d’une augmentation de la fréquence de l’ensemble des maladies allergiques, y compris oculaires.
Les conditions de vie en intérieur ne sont pas épargnées. Les matériaux de construction « modernes » dégagent des substances volatiles irritantes. La climatisation, qui assèche l’air, et le travail sur écran, qui s’accompagne entre autres d’une réduction de la fréquence et de la qualité du clignement, sont responsables d’une multiplication des cas de sécheresse oculaire.

Dans ce dossier, nous avons donc voulu faire le point sur les atteintes de la surface oculaire liées aux modifications de notre environnement, à l’intérieur comme à l’extérieur. Les conséquences ne sont pas toujours très graves, mais on sait à quel point les pathologies de la surface oculaire peuvent retentir sur la qualité de vie des patients.
Dans une première partie, Le Dr Marie-Caroline Trône aborde la problématique des nouvelles allergies, puis le Dr Serge Doan traite de l’impact de la pollution sur la surface oculaire. Enfin, le Pr Dominique Brémond- Gignac fait le point sur les conséquences des nouvelles conditions de travail. Nous espérons ainsi apporter des réponses à nos lecteurs confrontés de plus en plus fréquemment à ces problématiques.

Références

1. https://www.who.int/phe/health_topics/outdoorair/databases/health_impacts/fr/
2. Cai YS, Tomazic PV, Diamant Z, Vestbo J, Galan C, Hoffmann B. The need for clean air: The way air pollution and climate change affect allergic rhinitis and asthma. Allergy 2020;75:2170-84.
3. Courtin R, Pereira B, Naughton G, Chamoux A, Chiambaretta F, Lanhers C, Dutheil F. Prevalence of dry eye disease in visual display terminal workers: a systematic review and meta-analysis. BMJ Open 2016;6:e009675.