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RéfleXions Rhumatologiques la revue

Editorial - Février 2017 - n° 188

Éric Toussirot


Les biothérapies font partie de l’arsenal thérapeutique utilisé au quotidien dans les rhumatismes inflammatoires chroniques. Nous disposons depuis maintenant plus de 15 ans des anti-TNFα, classe thérapeutique offrant un rapport bénéfice risque plus que favorable et qui a su trouver sa place dans un large panel de maladies inflammatoires chroniques à médiation immune incluant les rhumatismes inflammatoires chroniques. Dans le domaine de la polyarthrite rhumatoïde (PR), plusieurs classes de biothérapie sont à la disposition des cliniciens, offrant ainsi des alternatives en cas de réponse insuffisante ou d’intolérance aux anti- TNFα. Des stratégies d’utilisation de ces différentes classes de biothérapies émergent au fur et à mesure de leur utilisation, tout comme des études industrielles comparatives « face à face ».

Les cytokines pro-inflammatoires par excellence (TNFα, IL-6, IL-1) ont été largement identifiées il y a plus de 20 ans, faisant ainsi l’objet d’un ciblage et développement thérapeutique que l’on connait dans les rhumatismes inflammatoires chroniques. A côté du TNFα, de l’IL-6 et de l’IL-1, d’autres cytokines et voies pro-inflammatoires ont été identifiées et leur implication dans les maladies chroniques à médiation immune précisées : c’est le cas de la voie IL-23/ Th17 dont la contribution à la physiopathologie du psoriasis, de la maladie de Crohn et des spondyloarthrites (SpA) est désormais clairement reconnue. Compte tenu de ces découvertes physiopathologiques, des agents ciblant l’IL-23 et /ou l’IL-17 ont donc été développés.
Ce dossier thématique est donc consacré au ciblage de la voie IL-23 et IL-17 dans les rhumatismes inflammatoires chroniques et est décliné en quatre parties :
Philippe Saas, immunologiste, reprend les éléments fondamentaux du fonctionnement de cette voie de différenciation lymphocytaire ainsi que les propriétés biologiques de ces 2 cytokines.
Claire Jacquin-Porretaz et Francois Aubin, dermatologues, abordent la place du ciblage de cette voie dans le psoriasis. C’est en effet dans cette indication qu’ont été initialement utilisés les agents anti-IL-23 (ciblant la sous unité p40 ou ustekinumab), et que les autres agents ciblant les cytokines IL-23 (sous unité p19) ou l’IL-17A sont testés, donnant des résultats très favorables. Des connaissances sur cette question sont d’autre part nécessaires aux rhumatologues amenés à prendre en charge les différentes facettes d’expression du rhumatisme psoriasique (RPso).
Hubert Marotte, rhumatologue, reprend les éléments concernant l’implication des lymphocytes Th17 et de l’IL-17 dans la physiopathologie de la PR, les données de son ciblage thérapeutique ainsi que les résultats (négatifs) dans cette pathologie.
Enfin, la voie IL-23/Th17 a démontré son implication dans la physiopathologie des SpA et du RPso. Il convient donc de reprendre les données scientifiques sur cette question, cad le rationnel du ciblage de l’IL-23 e de l’IL-17, les molécules disponibles et celles en développement et les résultats des grands essais cliniques dans ce domaine.

Ainsi, parallèlement aux anti-TNFα, une nouvelle classe d’agents biologiques est désormais mise à disposition du clinicien dans les SpA et le RPso, offrant ainsi une alternative thérapeutique appréciable chez des patients non répondeurs ou intolérants aux anti-TNFα. Un certain nombre de questions est cependant soulevé avec cette classe de biothérapie et abordé en détail dans les articles de ce dossier. La place respective de ces agents par rapport aux anti-TNFα est l’une de ces questions et des études de stratégie seront donc nécessaires, à l’instar de ce que nous avons connus avec les anti-TNFα et les autres classes de biothérapies dans la PR. La tolérance au long cours lors de l’utilisation dans la vraie vie est une autre préoccupation et les données des registres seront donc très utiles sur ce point. Nous avons certainement encore beaucoup à apprendre avec ces nouveaux agents biologiques et certains points restent mal expliqués comme l’absence de résultats du ciblage de l’IL-17A dans la PR et la maladie de Crohn (1,2) alors que le rationnel scientifique est suffisamment étoffé pour démontrer l’implication de cette cytokine dans ces pathologies.
A titre de rappel figurent ci-dessous (Encadré 1) les autorisations de mise sur le marché des 3 agents anti IL-23 et IL-17 actuellement disponibles en France.

 



Ustekinumab, STELARA®
, anticorps monoclonal dirigé contre la sous unité p40 de l’IL-23.

Psoriasis : « STELARA est indiqué dans le traitement du psoriasis en plaques modéré à sévère chez l’adulte qui n’a pas répondu, ou qui présente une contre- indication, ou qui est intolérant aux autres traitements systémiques dont la ciclosporine, le méthotrextate (MTX) ou la puvathérapie ».

Avis de la Commission de transparence 13 Mai 2009: SMR important, ASMR IV mineure.

Rhumatisme psoriasique : « STELARA, seul ou en association avec le méthotrexate (MTX), est indiqué dans le traitement du rhumatisme psoriasique actif chez l’adulte lorsque la réponse à un précédent traitement de fond antirhumatismal non-biologique (DMARD) a été inadéquate». Avis de la Commission de transparence 15 Octobre 2014 : SMR modéré, ASMR V inexistante.
Maladie de Crohn : « le STELARA dispose d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) dans le traitement de seconde intention de la maladie de Crohn modérée à sévère. Cette RTU concerne les patients adultes en échec à l’infliximab, l’adalimumab et au védolizumab ou qui sont intolérants ou ont une contre-indication à ce traitement (ANSM 20 Novembre 2015) ». Sécukinulab COSENTYX®, anticorps monoclonal anti- IL-17A.
Psoriasis : « COSENTYX est indiqué dans le traitement du psoriasis en plaques modéré à sévère chez l’adulte qui nécessite un traitement systémique »

Avis de la commission de transparence 5 Octobre 2016 : SMR important, ASMR IV mineure.

Rhumatisme psoriasique : « COSENTYX est indiqué, seul ou en association avec le méthotrexate (MTX), dans le traitement du rhumatisme psoriasique actif chez l’adulte lorsque la réponse aux traitements de fond antirhumatismaux (DMARD) antérieurs a été inadéquate ». Avis de la commission de transparence 22 Juin 2016 : SMR modéré, ASMR V absence.
Spondylarthrite ankylosante : « COSENTYX est indiqué dans le traitement de la spondylarthrite ankylosante active chez l’adulte en cas de réponse inadéquate au traitement conventionnel. Compte tenu de l’absence de comparaison directe du sécukinumab aux anti-TNF et du recul plus important avec ces derniers, COSENTYX doit être réservé en deuxième intention, après échec des anti-TNF ». Avis de la commission de transparence 22 Juin 2016 : SMR important, ASMR V absence. Ixekizumab TALTZ®, anticorps monoclonal anti– IL-17A.
Psoriasis : « TALTZ est indiqué dans le traitement du psoriasis en plaques modéré à sévère chez l’adulte qui nécessite un traitement systémique ».
AMM européenne 5 Mai 2016




Encadré 1
: Autorisations de mise sur le marché (AMM), service médical rendu (SMR) et amélioration du service médical rendu (ASMR) du STELARA, du COSENTYX et du TALZT.

Références

1. Hueber W, Sands BE, Lewitzky S et al. Secukinumab, a human anti-IL-17A monoclonal antibody for moderate to severe Crohn’s disease: unexpected results of a randomised double blind, placebo controlled trial. Gut, 2012; 61: 1693- 1700.
2. Genovese MC, Durez P, Richards HBet al. One-year efficacy and safety results of secukinumab in patients with rheumatoid arthritis: phase II, dosefinding, double-blind, randomized, placebo-controlled study. J Rheumatol. 2014; 41: 414-21.