Editorial - Décembre 2020 - n° 222
Thierry LequerréThierry Lequerré, Rouen
Inhibiteurs de JAK dans les maladies inflammatoires
Les inhibiteurs de Janus kinases, ou JAKi, sont les derniers traitements développés dans les rhumatismes inflammatoires. Il s’agit vraisemblablement de la troisième révolution thérapeutique après le méthotrexate et les biomédicaments. Les JAKi diffèrent des biomédicaments, car il s’agit de médicaments synthétiques qui agissent de façon non ciblée dans le secteur intracellulaire en bloquant la transduction du signal. De par leurs mécanismes d’action, ces nouveaux médicaments représentent une nouvelle voie thérapeutique tout à fait prometteuse non seulement pour le traitement des rhumatismes inflammatoires, mais aussi pour celui de certaines maladies auto-immunes ou inflammatoires.
Le Pr Hubert Marotte décrira dans un premier temps la famille des Janus kinases et leur mode d’action au sein de la cellule, puis les mécanismes d’action des inhibiteurs de JAK. J’aborderai ensuite les programmes de développement des quatre JAKi (tofacitinib, baricitinib, upadacitinb et filgotinib) dans la polyarthrite rhumatoïde. Ces quatre traitements ont prouvé leur efficacité après échec du méthotrexate, après échec d’un biomédicament, en monothérapie ou en association avec un DMARD. Certains d’entre eux sont même parfois plus efficaces que l’adalimumab. Les données d’efficacité et de tolérance sont de plus en plus nombreuses, notamment pour le tofacitinib et le baricitinib, qui sont les deux molécules avec lesquelles nous avons davantage d’expérience clinique. Toutefois, le positionnement de ces nouvelles molécules tout à fait innovantes dans l’arsenal thérapeutique de la polyarthrite rhumatoïde représente probablement le prochain défi à relever pour la communauté rhumatologique dans cette affection.
Ensuite, le Pr Éric Toussirot vous présentera les résultats des études pivotales dans les spondyloarthrites et le rhumatisme psoriasique, là aussi avec des résultats très enthousiasmants. Les JAKi représentent un espoir, notamment pour les formes axiales de spondyloarthrite pour lesquelles nous avons encore peu de solutions thérapeutiques. Pour les formes périphériques, comme dans la polyarthrite rhumatoïde, leur positionnement par rapport aux autres armes thérapeutiques va devenir une question d’actualité.
Enfin, le Pr Anne Tournadre vous présentera les essais thérapeutiques des JAKi dans d’autres maladies inflammatoires, comme les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, le psoriasis, les vascularites, les connectivites, etc.
Comme vous pouvez d’ores et déjà le constater, les JAKi vont très certainement représenter un outil thérapeutique indispensable au rhumatologue dans les années à venir. C’est pourquoi le comité de rédaction de la revue Réflexions Rhumatologiques a choisi de consacrer un dossier spécial aux JAKi en 2020. Les données présentées à l’American College of Rheumatology 2020 viendront compléter toutes ces données passionnantes.