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RéfleXions Rhumatologiques la revue

Editorial - Février 2018 - n° 197

Éric Toussirot

Nouveaux agents thérapeutiques dans la polyarthrite rhumatoïde


La prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde (PR) et des rhumatismes inflammatoires chroniques (RIC) en général a bénéficié du prodigieux essor des biotechnologies avec la mise à disposition de thérapies ciblées par l’intermédiaire des agents biologiques. Les biothérapies ont en effet profondément modifié l’approche thérapeutique des patients atteints de PR et de RIC mais également des autres pathologies inflammatoires à médiation immune comme les maladies inflammatoires chroniques intestinales ou le psoriasis. L’objectif thérapeutique est désormais tourné vers la rémission clinique et le contrôle de la progression de la maladie (atteinte structurale de la PR et du rhumatisme psoriasique) afin d’apporter au patient une qualité de vie proche de la normale. Nous disposons actuellement dans la PR de 4 classes différentes de biothérapies et de certains agents synthétiques ciblés, les inhibiteurs des JAK.

Toutefois, la prise en charge de nos patients atteints de PR ou de RIC reste en défaut dans une certaine mesure, avec un pourcentage de non répondeurs aux différentes classes de biothérapie estimé de l’ordre de 30%. Pour certains patients, la réponse clinique est insuffisante ou ils développent un échappement progressif, des réactions d’intolérance ou une immunogénicité. Par ailleurs, nous manquons de critères prédictifs de bonne réponse à ces traitements.
C’est dans ce contexte que le développement de nouveaux traitements reste encore un besoin.
Ce dossier thématique fait donc le point sur les avancées ces dernières années dans le domaine des traitements de la PR du fait de l’arrivée de nouveaux produits et du développement d’autres agents :
 nous disposons d’un agent anti-IL-6, ciblant le récepteur de l’IL-6, tocilizumab. Plusieurs autres agents anti-IL-6 sont en développement, le sarilumab, le sirukumab, l’olokizumab et le clazakinumab. Thierry Lequerré nous donne les résultats de ces différents agents anti-IL-6 dans la PR. Le sarilumab (KEVZARA®, Sanofi) est d’ors et déjà autorisé en France dans l’indication de la PR (Kevzara est indiqué en association au méthotrexate chez les patients adultes atteints de PR active modérée à sévère ayant eu une réponse inadéquate ou intolérants à un ou plusieurs traitements de fond (DMARDs) ».
 les inhibiteurs des voies de signalisation font parler d’eux depuis une dizaine d’année. Nous disposons désormais de 2 anti- JAK, le baricitinib (OLUMIANT®) et le tofacitinib (XELJANZ®). Les données d’efficacité de ces 2 produits, leurs indications, leurs données de tolérance et avantages sont présentés par Laetitia Scouppe et Christophe Richez.
 Le GM-CSF est une cytokine impliquée dans la physiopathologie de la PR, en interagissant notamment avec le macrophage. Son ciblage fait l’objet d’un développement dans la PR avec l’anticorps mavrilimumab. Le rationnel du ciblage de ce facteur de croissance et les résultats des essais cliniques dans la PR sont présentés par Morgane Righetti et Fabienne Coury.
enfin, à côté des agents biologiques conventionnels, de nouveaux formats structuraux sont en cours d’évaluation dans la PR, les RIC et dans d’autres maladies inflammatoires. Il s’agit d’anticorps bispécifiques, des nanobodies et autres immunocytokines, offrant de nouvelles formes moléculaires originales et pertinentes dans le domaine du contrôle de l’activité inflammatoire de la PR.
Ainsi, à l’aube de 2020, notre arsenal thérapeutique dans la PR s’enrichit au fur et à mesure des années. Nous devons apprendre à connaitre et maitriser ces nouveaux traitements tout comme les situer dans la stratégie thérapeutique de la PR. Les recommandations nationales et internationales nous aiderons pour sélectionner le traitement adapté au patient. Ainsi, selon la HAS, les anti-JAK sont positionnés en 2ème voire 3ème ligne de traitement de la PR après échec d’un DMARD (méthotrexate) ou d’une première classe de biothérapie. Des critères prédictifs de bonne réponse thérapeutique à ces différentes classes de traitement restent à définir, tout comme il sera nécessaire de réaliser des études de stratégie comparant ces molécules les unes par rapport aux autres afin de disposer de données comparatives. Les produits en développement (anti-GM-CSF, anti-IL-6 autres que le sarilumab, inhibiteurs des JAK autres que baricitinib et tofacitinib, nouveaux formats structuraux des agents biologiques) devront faire leurs preuves en terme d’efficacité et de tolérance.

Liens d’intérêts :
- Inter ventions pour les laboratoires : Abbvie, Amgen, Biogen, Biogaran, BMS, Lilly, MSD, Pfizer, Roche Pharma, Roche Chugai, UCB Pharma.
- Investigateur essais cliniques phase III/IV laboratoires : Abbvie, BMS, Janssen, MSD, Pfizer, Roche Pharma, Roche Chugai, UCB Pharma
- Invitation aux congrès : Abbvie, Amgen, Biogen, BMS, Janssen, MSD, Nordic, Novar tis, Pfizer, Roche Pharma, Roche Chugai, UCB Pharma.
- Président du Comité de Protection des Personnes EST II