Editorial - Avril 2013 - n° 157
Patrick SichèreEn pratique il semble plus facile de faire retenir par le patient le terme d’algoneurodystrophie plutôt que celui de syndrome douloureux régional complexe de type 1 (SDRC). C’est d’ailleurs pour cette raison que notre collègue Jean-Marie Berthelot propose celui de SDERC comme nous pouvons le lire plus loin. Cet acronyme a cependant le mérite de secouer les idées reçues au sujet de cette pathologie, de revoir certaines notions obsolètes tant du point de vue diagnostique, physiopathologique que thérapeutique.
Le Docteur Jean-Marie Berthelot, en répondant à une quinzaine de questions, précise par exemple l’intérêt limité de l’imagerie, surtout de la scintigraphie osseuse et pourquoi les blocs sympathiques n'ont pratiquement plus d’indication. Le lecteur constatera aussi que la calcitonine n’est même plus citée. En fait, et comme nous le montrent avec clarté les Docteurs Jean-Marie Berthelot et Anne Bera-Louville, la physiopathologie est certes complexe mais de mieux en mieux précisée. Elle fait intervenir nombre de composantes de la douleur, de la périphérie au cortex cérébral en passant évidemment par la corne postérieure de la moelle épinière. L’IRM fonctionnelle jouant une fois de plus un rôle important dans la compréhension de ces phénomènes neuronaux. Phénomènes qui nous orientent vers des traitements plus ciblés, plus adaptés.
Le Docteur Anne Bera-Louville nous décrit les nouveaux critères de l’affection. Certains regretteront peut-être que le critère « absence de syndrome inflammatoire biologique» n’en fasse pas partie. D’autres y verront les symptômes d’une composante neuropathique. Le Docteur Jean-Marie Berthelot y fait allusion à propos de certains traitements.
Il est venu aussi le temps où l’on ne colle plus de façon systématique l’étiquette « fonctionnelle » ou « hystérie » à cette pathologie. Et justement, Marie-Claude Defontaine-Catteau, psychologue, grâce à son expertise, nous explique les connaissances actuelles que nous pouvons avoir à ce sujet.
Ainsi ce numéro spécial de la revue Réflexions Rhumatologiques sur le SDRC de type 1 témoigne-t-il une fois de plus de ce qui rend la rhumatologie bien vivante et passionnante : rien n’est acquis en la matière mais nos questions obtiennent toujours, tôt ou tard, des réponses. Et ce sont les patients qui en bénéficient renvoyant alors une image dynamique de la rhumatologie.
Patrick Sichère